Le 10 octobre, Kalshi a annoncé avoir levé 300 millions de dollars lors d’une nouvelle levée de fonds, valorisant l’entreprise à 5 milliards de dollars, soit plus du double de sa valorisation de 2 milliards de dollars lors de la précédente levée en juin. Cette annonce est venue secouer le marché, entraînant une baisse de 0,75 % des actions de DraftKings et de 3 % pour Flutter, la société mère de FanDuel, à la Bourse de New York vendredi dernier. Bien que ces pertes semblent modestes, elles sont significatives dans le contexte de l’ascension rapide de Kalshi.
Les investisseurs, menés par Sequoia Capital, avec Andreessen Horowitz, Paradigm et Coinbase Ventures entre autres, ont massivement soutenu Kalshi, permettant à l’entreprise de renforcer sa position dominante sur le marché des prédictions, avec une part de marché mondiale de plus de 60 %. Kalshi a même revendiqué avoir dépassé son principal concurrent, Polymarket, malgré l’annonce de financement significatif de ce dernier.
Kalshi a élargi ses offres en introduisant des paris propositionnels et des paris combinés, des marchés de plus en plus liquides sur sa plateforme. Lors du dernier match de « Thursday Night Football », des transactions de 1,26 million de dollars ont été enregistrées sur des paris combinés de même match, et plus de 298 000 dollars sur des paris combinés multi-matchs, des domaines traditionnellement dominés par les bookmakers.
Cette expansion rapide à travers plus de 140 pays pourrait cependant confronter Kalshi à des défis réglementaires. Aux États-Unis, où l’accès était jusqu’ici limité, des poursuites et des ordres de cessation émanent de plusieurs régulateurs. Le Massachusetts a particulièrement qualifié les contrats de Kalshi de « paris sportifs illégaux et dangereux. »
Jusqu’à présent, aucune cour américaine n’a reconnu Kalshi comme opérant un bookmaker. Toutefois, l’issue de ces litiges reste incertaine, tout comme la réaction des régulateurs européens.
En évitant le statut de bookmaker, Kalshi bénéficie d’avantages structurels significatifs sur des rivaux comme DraftKings et FanDuel, notamment l’exemption des taxes étatiques sur le revenu brut des jeux.
Les cofondateurs de Kalshi, Tarek Mansour et Luana Lopes Lara, ont été salués pour leur croissance rapide. Selon Alfred Lin, partenaire chez Sequoia : « La vision audacieuse de Tarek et Luana pour populariser les marchés de prédiction nous a d’abord attirés vers Kalshi en 2020. Depuis, ils ont construit une entreprise qui redéfinit la manière dont les marchés démocratisent l’information. »
Les analystes ont émis des réactions variées face à la baisse des actions de DraftKings et Flutter. Le 9 octobre, Berenberg a amélioré sa note sur DraftKings de « Conserver » à « Acheter » tout en ajustant son objectif de 45 à 43 dollars, soutenant que la vente était « injustifiée » et qu’il n’y avait eu « aucun changement fondamental de la demande » lié aux marchés de prédiction.
Jefferies a maintenu une note d’achat avec un objectif réduit à 51 dollars, soulignant que DraftKings pourrait éventuellement entrer dans les marchés de prédiction si la réglementation le permet. Morgan Stanley a encouragé les investisseurs à « acheter dans la faiblesse », arguant d’une réaction excessive du marché aux mouvements de Kalshi.
Flutter a suscité une réponse plus mesurée. Citizens Bank a réitéré sa note « Surperformer » avec un objectif de 340 dollars, tandis que Jefferies a qualifié la récente chute de 10 % de « réaction excessive », maintenant une note d’achat et un objectif de 380 dollars. Les analystes ont souligné la profondeur de la marque FanDuel et sa base de clientèle comme boucliers contre les nouveaux concurrents.
Malgré ces déclins, les prévisions de consensus pour les deux actions demeurent positives. Plusieurs firmes anticipent une reprise une fois que l’attention des investisseurs se concentrera à nouveau sur l’élan des bénéfices et la clarté réglementaire autour des marchés de prédiction.
Luc Lemaire est un blogueur passionné qui adore écrire sur les casinos et l’industrie du jeu. Joueur à temps partiel depuis plusieurs années, il est fasciné par la psychologie du jeu.