Blanchiment d’Argent à Travers des Entreprises de Jeu en Grèce

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En septembre 2025, l’Autorité Indépendante contre le Blanchiment d’Argent en Grèce a révélé qu’au moins 200 personnes avaient fait transiter de l’argent non déclaré par le biais d’opérateurs de jeux d’argent. Parmi les suspects figurent des fonctionnaires de haut rang, y compris des directeurs au sein de ministères et de services publics.

Une enquête est en cours sur plusieurs entreprises de paris, soupçonnées de servir de « blanchisseries » pour des fonds illicites. Selon The Greek Reporter, pas moins de 10 opérateurs de jeux d’argent sous licence sont accusés de faciliter le blanchiment d’argent. Les conclusions de l’autorité indiquent que des responsables grecs ont placé des paris allant jusqu’à un million d’euros, bien au-delà de leurs revenus déclarés. Aucune personne ou entreprise n’a encore été nommée dans l’enquête.

La méthode employée utilisait divers commerces pour déposer des fonds qui étaient ensuite déguisés en gains de jeu. Les joueurs créaient d’abord des comptes auprès d’opérateurs de jeux sous licence. L’argent illicite était blanchi en déposant des espèces sur des comptes de paris via des commerces affiliés, tels que des épiceries et des stations-service. Par la suite, les fonds étaient transférés sur des comptes bancaires personnels sous l’apparence de gains de jeu légitimes. Les magasins agissaient en tant qu’agents de dépôt et, crucialement, ne vérifiaient pas la source des espèces.

Les sociétés de jeux en Grèce sont tenues de suivre des procédures strictes contre le blanchiment d’argent, surveillant les dépôts et retraits importants pour détecter toute activité suspecte. Toute transaction dépassant un certain seuil, allant de 2 000 à 10 000 euros selon le type, doit être signalée. Si les entreprises soupçonnent l’implication de fonds illicites, de fraude ou d’évasion fiscale, elles doivent en informer l’Unité d’Intelligence Financière Hellénique.

L’implication directe des entreprises de jeux dans ce schéma reste incertaine. Si leur complicité est prouvée, elles risquent de lourdes sanctions. Au Royaume-Uni, par exemple, ProgressPlay a récemment été condamné à une amende d’un million de livres sterling pour ne pas avoir vérifié correctement la source des fonds de ses clients. La multiplication des méthodes de paiement alternatives a également accru le risque de blanchiment d’argent, selon les régulateurs de jeux. Le gouvernement turc a d’ailleurs annoncé de nouvelles restrictions sur les transactions de cryptomonnaies, visant à empêcher les organisations criminelles de dissimuler des fonds illégaux.

La Commission des Jeux du Royaume-Uni a aussi publié des directives actualisées plus tôt cette année, rappelant aux opérateurs leurs responsabilités en matière de réglementation contre le blanchiment d’argent. Elle a notamment noté l’augmentation des jeux rapides comme les « crash games » dans les casinos en ligne, présentés comme particulièrement à risque en raison de leur nature rapide.

L’enquête en Grèce démontre que le problème ne se limite pas aux cryptomonnaies et aux jeux rapides. Les autorités examinent désormais de plus près les individus et les entreprises impliqués pour déterminer l’ampleur du schéma. Toutefois, certains observateurs soulignent que la complexité croissante des méthodes de blanchiment rend la tâche des régulateurs encore plus ardue. Un analyste du secteur a laissé entendre que ce scandale était peut-être juste la partie émergée de l’iceberg, rappelant que les mécanismes de contrôle doivent évoluer au même rythme que les méthodes frauduleuses.

Pendant que l’attention est focalisée sur les opérateurs de jeux, un autre point de vue suggère que la responsabilité devrait également être partagée avec les régulateurs eux-mêmes, qui auraient pu déceler ces anomalies plus tôt. Le débat se poursuit, avec des appels pour renforcer les réglementations et améliorer la coopération internationale dans la lutte contre le blanchiment d’argent. En attendant, l’enquête grecque pourrait bien inciter d’autres pays à examiner plus en détail leurs propres systèmes de régulation des jeux d’argent.

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