Le 2 novembre 2025, Utah s’est affirmé comme un centre névralgique dans la vague nationale d’actions collectives visant les casinos de tirages au sort, avec 15 poursuites récentes déposées dans l’État, dont 12 le dimanche même, d’après l’avocat spécialisé en jeux d’argent Daniel Wallach. Ces plaintes ciblent des opérateurs tels que ARB Gaming (Modo), Blazesoft (Zula, Sportzino), B2Services (McLuck et Hello Millions), VGW (Chumba Casino et LuckyLand Slots), ainsi que plusieurs autres.
Pourquoi Utah devient-il soudainement un tel point d’attention? Selon Wallach, les lois extrêmement strictes de l’État contre les jeux d’argent et un statut qui permet de doubler les dommages-intérêts attirent de plus en plus les avocats des plaignants. En vertu du Code de l’Utah § 76-10-1113, toute personne ayant perdu de l’argent ou des biens par le biais d’activités de jeu illégales peut intenter une action pour « récupérer deux fois le montant de la perte économique, ainsi que les frais d’avocat et les coûts du procès ».
La définition du jeu d’argent en Utah est large, interdisant toutes formes de jeu, y compris les loteries et les jeux caritatifs, ce qui rend la situation favorable aux actions en justice. Les casinos de tirages au sort, qui utilisent des mécanismes de jeu gratuits ou des « Sweeps Coins » promotionnels, soutiennent que cela ne correspond pas à cette définition. Cependant, un tribunal pourrait statuer que ces pièces virtuelles constituent une « chose de valeur ».
Avec plus de 100 procès actifs à l’échelle nationale début novembre, Utah est devenu un épicentre. Les plaintes accusent souvent les casinos de tirages au sort de vendre des pièces virtuelles échangeables contre des prix en espèces, sans licences ni supervision appropriées. Étroitement associée à Hawaï, Utah est l’un des deux seuls États à interdire complètement les jeux d’argent, incluant les loteries, ce qui explique la douzaine de nouvelles plaintes déposées le même jour.
Les clauses d’arbitrage et de renonciation aux actions collectives, fréquemment incluses dans les conditions d’utilisation des casinos de tirages au sort, ont souvent été efficaces pour se défendre. Néanmoins, leur protection n’est pas absolue. Certaines juridictions ont jugé ces accords excessifs, limitant les recours légaux prévus par la loi. Par exemple, un juge californien a récemment refusé de contraindre à l’arbitrage dans une affaire contre High 5 Casino, jugeant la clause inéquitable.
Une mise à jour de la politique de Google pourrait également influencer la situation. Le 28 octobre, Google a modifié sa politique en matière de publicité pour les jeux d’argent, reclassant les casinos de tirages au sort comme produits de jeu. Cela oblige désormais ces plateformes à se conformer aux mêmes régulations que les opérateurs de jeux d’argent licenciés.
Cette révision ferme une échappatoire qui permettait aux casinos de tirages au sort de se promouvoir sous la catégorie plus large des « jeux sociaux ». Google s’aligne ainsi avec de nombreux régulateurs d’État, renforçant la revendication que ces plateformes fonctionnent comme des casinos en argent réel de facto.
Entre le statut de double dommages de l’Utah, la montée des actions collectives, et le resserrement de la politique publicitaire par Google, les opérateurs de casinos de tirages au sort font face à des pressions accrues. Le modèle à double devise, conçu pour contourner la réglementation sur les jeux d’argent en se présentant comme un divertissement, subit des défis légaux et réputationnels croissants. Les plaignants ciblent de plus en plus les juridictions favorables aux consommateurs tandis que les grandes plateformes technologiques réduisent leur empreinte nationale.
Alors que les clauses d’arbitrage peuvent encore bloquer de nombreux cas, la zone grise légale qui permettait autrefois aux casinos de tirages au sort de prospérer se referme rapidement. L’émergence de l’Utah comme point chaud pour les poursuites pourrait contribuer davantage à la contraction du marché national.

Luc Lemaire est un blogueur passionné qui adore écrire sur les casinos et l’industrie du jeu. Joueur à temps partiel depuis plusieurs années, il est fasciné par la psychologie du jeu.